Intriguée, Zouzou tira sur le tissu.
Il se défit d'un coup. Et elle se trouva nez à nez, si on peut dire, avec un pied d'homme, un peu pâle, mais très propre. Elle ne reposa pas tout de suite son macabre débris, fascinée par la blancheur de ce pied. Il y avait longtemps qu'elle n'en avait pas vu de si propre. Zouzou est une veuve un peu marginale et fauchée qui n'a qu'une passion dans sa vie : ses chats. Elle les enterre dans son petit jardin de Cully, au bord du lac Léman.
Un coin ou il ne se passe jamais grand'chose. Mais un jour la riche voisine Libanaise lui demande d'enterrer ses propres chats. Et là, il commence à se passer beaucoup de choses au bord du lac... Une histoire très, très noire qui se termine, pour l'innocente Zouzou en conte de fées. Et en cauchemar pour beaucoup d'autres.
Malko s'accroupit et retourna le corps, sachant déjà ce qu'il allait trouver. « Mon Dieu ! » Elle était encore tiède et souple. Une blessure béante ouvrait sa gorge d'une carotide à l'autre. Soudain le briquet éclaira un petit objet par terre. Dan Lohan étendit la main, le saisit pour le lâcher aussitôt. « C'est sa langue, murmura-t-il. Ils lui ont coupé la langue. »
« Couvrez-moi. » Chris tira tellement des deux mains que le panneau commença à ressembler à de la dentelle. Malko traversa et grimpa les marches. Le palier du troisième étage était plongé dans l'obscurité. Les cris de femme venaient de la porte du milieu. Malko se jeta dessus et elle vola en éclats. Un jeune Noir se dressa devant lui, automatique au poing. Il tira deux fois. Les balles atteignirent Malko en pleine poitrine. Sous le choc, il recula jusqu'au mur, sonné. Le Noir eut le tort de baisser son arme. Malko tira trois fois coup sur coup. Les balles atteignirent leur but et le Noir tomba en avant.
Un hélicoptère blanc tombait comme une pierre dans le cratère où se trouvait Malko. On venait sceller son sort. Le bain de lave brûlante ou la balle de Garand. Ou les deux... La gorge sèche, Malko fit face. Détaché et amer. Il fallait bien que cela arrive un jour. Alors, pourquoi pas au fond d'un volcan en Amérique centrale ? Il y avait déjà eu des morts plus insolites à la CIA.